Des déambulations théâtrales basées sur les recherches d’Anna-Sapfo Malaspinas, biologiste à l’UNIL, se déroulent au Musée d’ethnographie de Genève jusqu'au 19 novembre. Le spectacle évoque la sortie d’Afrique des premiers Hommes modernes, direction l’Australie.
Génome Odyssée, ce sont des comédiens qui emmènent petits et grands dans un voyage poétique et scientifique à travers l’exposition "L’effet boomerang. Les arts aborigènes d’Australie" du Musée d’ethnographie de Genève. Une pièce de théâtre qui propose de retracer l’odyssée de nos ancêtres communs, sortis d’Afrique, et celle des premiers habitants de l’Australie. A la découverte de la diversité génétique des populations.
Le projet, coordonné, conceptualisé et dirigé par Anna-Sapfo Malaspinas, professeure assistante (en prétitularisation conditionnelle) au Département de biologie computationnelle de l’UNIL, bénéficie du soutien du programme « Agora » du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), qui promeut des projets de communication scientifique avec le grand public.
Une ou deux sorties d’Afrique ?
Arrivée à l’UNIL en mai 2017, Anna-Sapfo Malaspinas est spécialiste en génétique des populations. Elle s’intéresse particulièrement à la manière dont les humains se sont dispersés à travers le globe, se sont adaptés à leurs nouveaux environnements et ont continué – ou non – à interagir entre eux. La pièce de théâtre Génome Odyssée se base sur une étude qu’elle a menée en 2016 alors qu’elle était professeure assistante à l’Université de Berne. Au cœur de cette recherche, une interrogation : en combien de vagues les premiers Hommes anatomiquement modernes (Homo sapiens) sont-ils sortis d’Afrique ? Avec un accent particulier mis sur le peuplement de l’Australie.
Pour répondre à cette question, Anna-Sapfo Malaspinas et son équipe ont travaillé en étroite collaboration avec des Aborigènes, séquençant l’ADN de 83 d’entre eux. Ils ont ensuite comparé les génomes de populations d’Afrique (continent d’où tous les hommes sont partis) avec ceux de populations asiatiques, européennes et aborigènes. Dans chacun des scénarios, le nombre de mutations génétiques - indicateur d’une durée dans le temps - entre les populations africaines et les autres populations était relativement similaire. « Les temps de divergences, semblables dans les trois cas, nous permettent d’affirmer qu’il n’y a eu qu’une seule et unique sortie d’Afrique», explique la professeure.
Tous parents, tous migrants
Cette recherche rappelle que dans l’ADN est inscrite l’histoire de notre famille, de nos ancêtres et de l’humanité toute entière. Le spectacle Génome Odyssée gravite autour de cette thématique scientifique. « C’est aussi une occasion de rappeler que nous avons les mêmes origines et que nous sommes tous parents, tous migrants ! »
Le spectacle a également pour vocation d’ouvrir les enfants aux métiers scientifiques au-delà des stéréotypes et de faire découvrir la culture et les traditions des Aborigènes. Un aspect d’autant plus important pour Anna-Sapfo Malaspinas que cette communauté possède une histoire douloureuse et vit, aujourd’hui encore, dans des conditions socio-économiques particulièrement précaires.
Autour de Génome Odyssée
Dans le cadre du projet, des lectures de contes aborigènes sont également organisées au Musée d’ethnographie de Genève. Du 15 au 27 janvier 2018, le spectacle s’exporte à Paris où il sera présenté durant dix jours au Musée de l’Homme.
Spectacle Génome Odyssée
Du 18 octobre au 19 novembre 2017
Musée d’ethnographie de Genève
Dès 8 ans
Conception : Anna-Sapfo Malaspinas et Ludovic Payet
Texte : Dominique Ziegler
Mise en scène : Joan Mompart