La FBM présente chaque mois les femmes et les hommes qui font vivre la Faculté. Aujourd’hui, Sonia Chelbi, spécialiste de biologie moléculaire, première assistante et post-doctorante dans le groupe de Greta Guarda au sein du Département de biochimie.
Sonia Chelbi, pouvez-vous résumer votre parcours?
Je viens du Sud, de Marseille. J’y ai fait une partie de mes études de biologie, que j’ai terminées à Paris. J’avais un cursus très orienté génétique et épigénétique. A noter, spécialité française, que j’ai obtenu un magistère: cela correspond à la fois à un Master et, vu qu’il y a une grosse composante pratique, cela me donnait aussi un titre d’ingénieure. Je pouvais donc continuer soit dans le domaine de l’ingénierie, soit dans la voie académique. J’aimais bien la recherche, j’ai donc commencé un PhD à l’Institut Cochin. Dans ce cadre, j’ai travaillé sur des pathologies de la grossesse, comme la pré-éclampsie et le retard de croissance intra-utérin, je cherchais des marqueurs génétiques. J’ai fait quatre ans de paillasse, j’ai appris à mener des projets…
Et vous êtes arrivée en Suisse…
Oui, j’ai fait un premier post-doc de deux ans au CHUV, toujours dans la recherche de marqueurs, mais en oncologie cette fois: il s’agissait de trouver des marqueurs génétiques et épigénétiques pour des carcinomes du côlon et des ovaires. Puis l’UNIL: je suis arrivée il y a quatre ans dans le groupe de Greta Guarda, qui se consacre à l’immunologie. Cette trajectoire atypique correspond en fait à des choix liés à mes intérêts scientifiques. Je vois la génétique et l’épigénétique, plus largement la biologie moléculaire, comme des outils, pas une fin en soi. J’ai commencé par utiliser ces méthodologies pour l’étude de pathologies complexes, les pathologies de la grossesse d’abord, puis les cancers. Ces deux pathologies partagent des mécanismes communs au niveau moléculaire mais également immunologique. Cela m’a progressivement donné envie de m’orienter vers ce domaine de recherche.
Sur quoi travaillez-vous dans le labo de la professeure Guarda?
Nous travaillons sur les mécanismes de la réponse immunitaire. Autrement dit, nous cherchons à savoir ce qui est important, du point de vue de la biologie moléculaire, pour qu’un organisme ait une bonne réponse immunitaire. Pour ma part, j’avais auparavant affaire à des échantillons humains, et c’est la première fois que je travaille sur un modèle murin – des souris dites «knock-out», où notre gène d’intérêt a été inactivé. J’étudie le système immunitaire aussi bien non pathologique – que faut-il pour avoir une bonne homéostasie du système immunitaire – que pathologique, dans le cas d’une tumeur, d’une infection virale, par exemple. J’ai changé de point de vue si l’on veut: auparavant, je partais des maladies, je cherchais à déceler ce qui était anormal, aujourd’hui je travaille sur les mécanismes fondamentaux de la réponse immunitaire.
Mais vous restez néanmoins motivée par des applications médicales?
Tout à fait. Je trouve important que mes recherches gardent une connexion avec le médical. Pour tout dire, j’avais même hésité à faire médecine! Mais a posteriori, je ne regrette pas d’avoir opté pour la biologie: je suis quelqu’un de très curieux, j’aime chercher, comprendre. Pour faire médecine, il faut aussi avoir une capacité à se détacher, à introduire de la distance. Ce qui n’est peut-être pas très compatible avec mon caractère.
Quelles conditions avez-vous trouvées à Lausanne, à la FBM?
De très bonnes conditions de travail, des plateformes techniques performantes et une bonne qualité de recherche. A l’UNIL, il y a beaucoup d’interactions entre les labos, il est facile d’organiser des «lab-meetings» entre différents groupes, d’échanger, de collaborer. Et, en dehors du labo, c’est un cadre de vie très agréable, quelque part entre Paris et Marseille. Il y a beaucoup de nature, les montagnes, le lac – pas tout à fait les calanques, mais presque! J’aime faire de la randonnée et de la danse, notamment des danses latines. Cela peut paraître anecdotique, mais c’est important pour l’équilibre: nous faisons un travail très prenant, il faut se ménager des zones de décompression, pouvoir penser à autre chose qu’à la science. On revient plus frais, avec un œil neuf.