Le Prof. Reto Meuli, chef du Département de radiologie médicale du CHUV, est devenu vice-Doyen responsable du secteur Relève et plans de carrière au 1er août 2017. Il succède au Prof. François Pralong, qui a occupé ce poste pendant sept ans. Petite interview d’entrée en fonction.
Reto Meuli, quels sont pour vous les grands enjeux en matière de relève académique?
La relève est un chantier perpétuel; ce n’est jamais fini, c’est un processus continu. Enormément de choses ont été faites ces dernières années, cela fonctionne bien, mais on peut encore simplifier les choses, et les accélérer. Nous avons affaire à des procédures longues, complexes, d’autant plus que c’est un système à quatre parties: il y a la FBM, l’UNIL et le CHUV, bien sûr, mais il y a encore les règles édictées par les sociétés de spécialistes qui influent aussi sur la relève hospitalière et académique. J’en ai fait l’expérience en tant que directeur de l’Ecole de formation post-graduée médicale (ndlr: de 2013 à 2017). Dans un tel système, il peut y avoir des intérêts contradictoires, et des blocages sont donc possibles. C’est pourquoi il est important, voire parfois nécessaire, de trouver des solutions non standard.
A quoi faut-il faire attention si on ne veut pas entrer dans un régime d’exceptions?
J’ai envie de dire qu’il faut en revenir à des règles fondamentales pour l’octroi d’un titre académique. Il faut en revenir à la base du travail académique, c’est-à-dire créer de la connaissance et la transmettre. A partir de là, on peut dégager des critères qui tiennent compte de certaines spécificités: par exemple, on n’attendra pas d’un médecin d’un hôpital régional qu’il fasse avancer la connaissance, mais par contre qu’il démontre ses compétences pour la transmettre. Je trouve qu’il y a une grande illusion en Suisse: on pense qu’un leader médical peut être à la fois un chercheur hors pair, un enseignant exceptionnel, un clinicien de haut niveau et en plus un excellent gestionnaire. Personnellement, je n’ai jamais rencontré ce genre de profil dans ma carrière! Des gens y arrivent mais séquentiellement, sur toute leur carrière, jamais en même temps.
Il faut donc être raisonnable, pour ne pas dire responsable dans l’application des règles?
Nous ne devons pas être dogmatiques, nous n’en avons de toute façon pas les moyens. Il faut par exemple trouver un équilibre entre la promotion interne et le recrutement externe. Tous deux ont leurs avantages: le recrutement est un enrichissement, la promotion est une façon de privilégier la fluidité. Quand un candidat interne correspond idéalement au poste, cela peut être plus important pour l’institution de le promouvoir, pour des motifs de continuité, que d’engager la star du domaine. De même, nous ne devons pas oublier qu’il y a des hommes et des femmes derrière les carrières, avec leur vie privée. Notamment, encourager les carrières féminines cela signifie aussi être capables de moduler.
Ne risque-t-on pas de s’exposer à la critique du «deux poids deux mesures»?
C’est aussi une question d’organisation et de communication: les gens doivent savoir ce que l’on attend d’eux, ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Mais nous ne pouvons pas avoir les mêmes attentes pour la Section des sciences fondamentales et pour la Section des sciences cliniques: ces deux mondes s’apportent beaucoup, ils ne doivent pas se paralyser mutuellement. J’ai envie de dire que traiter de façon similaire des situations différentes est une source d’injustice.
En quoi votre parcours va-t-il vous aider dans vos nouvelles tâches de vice-Doyen?
Par mon rôle à l’Ecole de formation post-graduée médicale, mais aussi comme chef de service en radiologie, j’ai l’impression d’avoir déjà contribué depuis longtemps, dans mon environnement, à la question de la relève. Cela me donne un certain recul. Je sais à quel point les gens ont besoin d’être guidé pour développer leur carrière. J’ai aussi siégé au sein de la Commission de recherche FNS de l’UNIL, qui distribue notamment des bourses à des post-doctorants prometteurs: c’est un vrai plaisir de voir quelqu’un qu’on a soutenu progresser dans sa carrière. C’est une motivation.