Des étudiants et des chercheurs du Master en comptabilité, contrôle et finance (Faculté des HEC) utilisent Twitter pour lutter contre les climato-sceptiques.
#LetsConvincetheDonald. Ce mot-dièse figure dans plusieurs centaines de tweets consacrés au changement climatique. Le compte @MCCF4Climate rassemble l’ensemble de ces contributions, produites par des étudiants de master et des chercheurs de la Faculté des HEC. Leur contenu ? Des liens vers des faits scientifiques, des argumentaires ou des images qui permettent de s’opposer aux climato-sceptiques.
Naissance spontanée
« A la fin de mon premier cours, au semestre de printemps 2017, j’ai constaté que mes étudiants étaient déprimés par l’attitude de Donald Trump par rapport au climat », se souvient Anette Mikes (@AnetteMikes), professeur au Département de comptabilité et contrôle. Comment surmonter ce sentiment d’impuissance ? En agissant, avec le moyen communication favori du président américain : Twitter. C’est ainsi qu’est né @MCCF4Climate, de manière un peu spontanée.
Un groupe d’étudiants intéressés par l’exercice s’est alors mis en piste. « Chacun de notre côté, nous cherchons des informations sur le réchauffement climatique et nous les twittons sur nos comptes personnels », explique Raphaël Mösching (@Raphael_Moschin), étudiant. Les personnes qui ne souhaitent pas ouvrir de page peuvent passer par Anna Massimino, assistante-étudiante (@anna_massimino). Un exemple de contribution ? « Quand je découvre un article sur les voitures électriques sur bloomberg.com, je le partage avec #LetsConvincetheDonald. Mon message est ensuite retweeté par @MCCF4Climate », indique Ahmad Khoshi (@ahmkho), étudiant.
Exercice de rhétorique
Contrairement à ce qu’attendait Anette Mikes de la part de ses étudiants, de futurs et rationnels comptables ou auditeurs, @MCCF4Climate ne rassemble pas uniquement des liens vers des faits scientifiques. Les participants relaient des déclarations de personnalités influentes comme Emmanuel Macron, Al Gore ou Bernie Sanders, des images frappantes ou des messages humoristiques. « Ainsi, nous nous exerçons aux différentes rhétoriques possibles », note Simon Gaillard (@SimonMccf), étudiant.
Pourquoi cet entraînement au travail de conviction ? Bien entendu, les jeunes contributeurs de @MCCF4Climate n’imaginent pas bousculer les opinions du président américain. Mais intellectuellement, il est intéressant de tenter l’exercice « car Donald Trump incarne le climato-sceptique le plus difficile à convaincre. C’est l’archétype de la personne qui pourrait agir, mais ne le fait pas », relève Anette Mikes.
Apprendre à convaincre
Si l’objectif de #LetsConvincetheDonald est inaccessible, atteindre des cibles plus proches est réaliste. « Dans notre vie professionnelle, nous serons amenés à mettre en place des outils comme la comptabilité environnementale, répond Augustin Debroeck (@debroeckaugust), étudiant. Nous devrons la justifier et convaincre le management, plus âgé et probablement réticent.» A l’avenir, «les coûts environnementaux de l’activité économique devront être davantage considérés», ajoute Simon Gaillard. Ce que l’on appelle par exemple le carbon accounting. «Cette intégration des coûts du CO2 produit dans la marche de l’entreprise, et leur répercussion sur les clients, va changer beaucoup de choses, renchérit Ahmad Khoshi. Par exemple, les fruits bon marché importés d’Espagne par camion seraient nettement plus chers si l’on en tenait compte.»
En choeur, les quatre étudiants rencontrés indiquent être très conscients que le changement climatique va retomber en plein sur leur génération. Ce qu’ils résument avec la formule «Donald Trump ne sera plus là dans 20 ans. Nous, oui !» A la rentrée d’automne, avec la nouvelle volée, Anette Mikes souhaite poursuivre l’expérience @MCCF4Climate. Avec le rêve secret qu’un jour, @realDonaldTrump se fende d’un tweet à ce sujet.