Au cours des Mystères de l'UNIL, portes ouvertes de l'Université de Lausanne du 18 au 21 mai 2017, le Pôle de recherche national LIVES a conduit un sondage auprès de 2280 personnes, dont une majorité d'enfants, pour savoir quels ont été les événements historiques les plus marquants survenus de leur vivant.
Les portes ouvertes de l'Université de Lausanne, qui portaient cette année sur le thème de la mémoire, ont été l'occasion pour le Pôle de recherche national LIVES de mener une grande collecte de données sur la mémoire historique collective. La recherche a déjà montré que chaque génération est particulièrement marquée par les événements qui surviennent vers la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte. Les Mystères de l'UNIL ont donc été l'occasion de voir ce qu'il en est chez les plus jeunes, puisque le public était composé majoritairement d'enfants de 11 à 15 ans.
« Si vous pensez aux grands événements et changements qui se sont passés dans votre pays et dans le monde au cours de votre vie, quels sont ceux qui vous ont le plus frappé ? »
Telle était la question posée aux participant·e·s des Mystères pendant les quatre jours de la manifestation, ouverte aux classes le jeudi et le vendredi, et aux familles pendant le week-end.
Encadrée par deux doctorants du PRN LIVES, Léïla Eisner et Sergueï Rouzinov, une équipe d'une douzaine d'étudiant·e·s de la Faculté des sciences sociales et politiques a arpenté les couloirs des Mystères pendant les quatre jours. Plus de 2000 personnes se sont prêtées au jeu des réponses, dont 65% de jeunes de moins de 15 ans.
Les résultats montrent les scores suivants:
Au final, les attentats de Paris ont très souvent cités, toutes catégories d’âge confondues, ce qui suggère un impact fort des événements récents sur la mémoire collective. Mais le 11 septembre 2001 a marqué bien davantage les plus âgés.
Ces résultats vont maintenant être comparés à des études plus anciennes réalisées sur la mémoire historique collective. Selon la recherche, le pic de réminiscence se situe à l’entrée dans l’âge adulte. C’est la première fois qu’une telle enquête est menée également sur des enfants.
Ce que dit la littérature
Dans une précédente étude, conduite en 2004 par Christian Lalive d'Epinay, Stefano Cavalli et Gaëlle Aeby, le 11 septembre sortait également en premier chez les personnes nées entre 1980 et 1984, aujourd'hui âgées entre 33 et 37 ans. Les personnes nées entre 1965 et 1969, aujourd'hui autour de la cinquantaine, étaient 50% à mentionner également le 11 septembre - alors encore récent - et 40% à citer la chute du mur de Berlin comme événement prépondérant. Quant aux personnes nées entre 1950 et 1954, elles évoquaient plutôt des événements survenus dans les années 60, comme le premier homme sur la Lune, Mai 68 ou l'assassinat de Kennedy, et n'étaient que 20% à signaler le 11 septembre et 20% la chute du mur de Berlin.
Un grand merci à nos enquêteurs et enquêtrices d'avoir ainsi permis de confirmer la théorie selon laquelle la mémoire historique collective est bien affaire de génération. Nos doctorants vont maintenant analyser ces nouvelles données plus en détail, ce qui donnera lieu, nous l'espérons, à un magnifique papier scientifique.