Une étude de la Dre Antje Horsch, privat-docent à la FBM au sein du Département femme-mère-enfant du CHUV, menée en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de Karlinska (Suède), de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), et de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), a démontré pour la première fois comment le fait de jouer à Tetris durant les 6h suivants l'accouchement pouvait diminuer les symptômes de stress post-traumatique chez des mères ayant subit une césarienne en urgence.
Chaque année, environ 15% des femmes subissent une césarienne en urgence lors de la naissance de leur enfant. Même si l’enfant est né sain et sauf, un tiers des mères développent un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) durant le mois qui suit la naissance. Le SSPT est un trouble psychiatrique invalidant, au cœur duquel prennent place des symptômes de reviviscence, ce qui signifie que les mères ont des souvenirs traumatiques intrusifs, des flashbacks et/ou des cauchemars, se référant à leur accouchement traumatisant.
Jusqu’à présent, il manquait d’interventions précoces, appuyées par des preuves scientifiques qui permettent de prévenir au mieux le développement du SSPT postnatal. Pour pallier ce manque, l’équipe de la Dre Horsch (psychologue et responsable de recherche au Département femme-mère-enfant) s’est intéressée à une nouvelle intervention préventive afin de réduire les souvenirs intrusifs de l’événement traumatique en se basant sur la science cognitive de la mémoire émotionnelle et en utilisant la technologie (jeu d’ordinateur), à la place d’un thérapeute.
«Notre hypothèse était, qu’après un accouchement traumatique, les mères auraient moins de souvenirs intrusifs si elles avaient, en salle de réveil de la maternité, joué à Tetris qui est un jeu visuospatial exigeant» explique la Dre Horsch. «Nous avons prédit que la tâche cognitive pourrait empêcher les aspects intrusifs des souvenirs traumatiques de s’établir, puisqu’elle est supposée perturber un processus mémoriel connu sous le nom de la consolidation de la mémoire».
Résultat de l’étude
56 mères ayant subit une césarienne en urgence ont participé à cette étude: la moitié a reçu les soins habituels ainsi que l’intervention (c’est-à-dire jouer à Tetris pendant 15 minutes durant les 6 heures suivant la césarienne en urgence) tandis que l’autre moitié a reçu uniquement les soins habituels. Les résultats ont montré que les personnes ayant joué à Tetris présentaient moins de souvenirs intrusifs de leur accouchement traumatique dans la première semaine du postpartum en comparaison avec des femmes du groupe contrôle. Les chercheurs ont également remarqué qu’il y avait moins de symptômes de réviviscence après une semaine, et qu’il était moins probable de recevoir un diagnostic de SSPT postnatal après un mois pour les mères ayant joué à Tetris.
Cette recherche de la Dre Horsch, menée en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de Karlinska (Suède), de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), et de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) représente une première étape dans le développement d’une intervention précoce pour prévenir les symptômes de SSPT postnatal, ce qui apporteraient des bénéfices importants tant pour la mère que pour son enfant. La Dre Horsch a récemment reçu une bourse de recherche du Fonds National Suisse de Recherche Scientifique afin de mener une étude contrôlée randomnisée multicentrique pour investiguer les bénéfices à long-terme de l’intervention Tetris sur la dyade mère-enfant.