Une nouvelle étude conduite par le Prof. John Antonakis, de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne, et ses co-auteurs R. J. House et D. K. Simonton*, s’est intéressée à la relation entre le QI d’un leader et la perception de son efficacité par ses équipes. Les résultats révèlent qu’un·e dirigeant·e au QI très élevé pourra être perçu·e comme moins efficace, voire inefficace dans son rôle de leader. Selon la théorie appliquée, l’écart optimal entre l’intelligence du leader et celle des équipes ne devrait pas excéder 18 points de QI.
*Co-auteurs: Robert J. House, Wharton School, University of Pennsylvania et Dean Keith Simonton, University of California, Davis
S’il est prouvé que l’intelligence est centrale pour diriger des équipes, trop d’intelligence est-elle synonyme de meilleur leadership ? «Un écart approprié de 18 points de QI est nécessaire; cependant être très intelligent peut présenter des difficultés pour les leaders. Les subordonnés peineront à suivre leurs idées ou un discours trop complexe, les empêchant de s’identifier à leur chef et de le percevoir comme efficace.» explique John Antonakis, professeur à la Faculté des HEC de l’UNIL.
L’étude conduite par John Antonakis et ses co-auteurs auprès de 379 leaders de 7 firmes internationales et de leurs équipes s’appuie sur la théorie du Prof. Simonton, l’un des co-auteurs. Ce modèle théorique suggère que le niveau de QI optimal pour un leader à la tête d’une équipe au QI moyen de 100 par exemple, devrait s’élever approximativement à 118 points. A partir d’un écart supérieur (ou inférieur), le leader pourra être perçu comme moins efficace. Sur la base de tests d’intelligence, de l’étude des traits de caractère des leaders et d’évaluations réalisées par les employés, les chercheurs ont pu confirmer la relation de non-linéarité entre intelligence et perception de l’efficacité du leadership. Les valeurs obtenues dans l’étude, proches de celles suggérées par la théorie, ont démontré que le niveau de QI optimal d’un leader dépendait directement de l’intelligence moyenne de son équipe.
Quelles perspectives pour les leaders au QI très élevé?
Cette étude se base principalement sur la perception de l’efficacité du leader par ses subordonné·e·s, et non sur des indicateurs de performance objectifs. Selon John Antonakis :«Il sera moins problématique pour les leaders au QI très élevé de remplir une fonction stratégique axée sur les tâches plutôt que sur le relationnel. Ils seront ainsi jugés en priorité sur leurs performances et les objectifs atteints.»
Plus d'informations dans l'article du blog sur la recherche à HEC Lausanne: hecimpact.ch
Travail de recherche original: (PDF/Abstract sur le site web de l’éditeur) Antonakis, J., House, R. J., & Simonton, D. K. (2017): "Can super smart leaders suffer from too much of a good thing? The curvilinear effect of intelligence on perceived leadership behaviour” paru dans Journal of Applied Psychology