Alexandre Roulin, professeur ordinaire à la FBM au sein du Département d'écologie et évolution de l'UNIL, prononcera sa Leçon inaugurale le jeudi 6 avril 2017, 17h15, Amphithéâtre du Biophore, UNIL-Sorge.
Biologiste de l’évolution, Alexandre Roulin s’intéresse à la variation des traits phénotypiques entre les individus, au maintien de ces variations et à leur évolution dans le temps. Avec un organisme modèle assez atypique: la chouette effraie. Il distingue deux grands axes d’études. Le premier s’attache aux traits morphologiques soumis à un contrôle génétique très fort. Il s’est ainsi penché sur le polymorphisme de colorisation des effraies: dans une population donnée, pourquoi trouve-t-on des individus blancs et d’autres roux, ces variations étant associées à des différences physiologiques et comportementales?
«Les individus roux sont qualifiés de mélaniques, la mélanine étant responsable de cette pigmentation», explique Alexandre Roulin, qui s’est intéressé au groupe de gènes impliqués dans ces phénomènes. Avec des échappées, presque inattendues, vers le domaine biomédical: la mélanine et les gènes qui y sont associés jouent en effet un rôle dans plusieurs maladies, y compris psychiatriques, et le groupe du professeur planche désormais sur ces questions avec les chercheurs de l’Institut de microbiologie (IMUL) du CHUV. Alexandre Roulin considère d’ailleurs la proximité entre biologie et clinique comme l’immense atout de la FBM.
Son deuxième axe de recherche l’éloigne du déterminisme génétique, mais s’attache au comportement, et à l’influence de l’environnement sur ce dernier. Il se penche notamment sur les relations au sein de la famille de chouettes. Ses études ont ainsi mis en évidence des mécanismes de négociation, vocaux, au sein des fratries.
Ce spécialiste des chouettes a aussi eu l’occasion de participer, dès 2009, à un projet mêlant biologie et politique au Moyen-Orient: des effraies sont en effet utilisées pour lutter contre les rongeurs qui infestent la vallée du Jourdain. Les chouettes, comme les rongeurs, ne connaissant pas de frontières, ce projet a nécessité la collaboration des Israéliens, des Jordaniens et des Palestiniens, d’où l’emblème des «chouettes de la paix». Et Alexandre Roulin de conclure: «La science doit s’impliquer dans la Cité, participer aux débats sociétaux; elle prend ainsi une nouvelle dimension.»