Fraîchement diplômé d’un doctorat en Systèmes d’information de la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne sous la direction de la Professeure Christine Legner, Thomas Boillat revient d’un séjour récent dans la réputée université américaine de Stanford. En collaboration avec un chirurgien, il y a développé un modèle d’application qui permet aux équipes médicales en salle opératoire de visualiser des listes de contrôle via des Google Glass. But ultime de l’application? Améliorer l’efficacité de ces listes, accroître la sécurité des patient·e·s et éviter de potentielles erreurs chirurgicales.
Quand un chirurgien de Stanford repère un chercheur de HEC Lausanne
A l’origine de cette collaboration inédite, c’est la Professeure Katarzyna Wac (Université de Genève) qui a mis en contact Thomas Boillat avec le Professeur et chirurgien Homero Rivas (Stanford). Ce dernier cherchait effectivement à implémenter des listes de contrôle (checklists) dans des Google Glass afin d’améliorer leur efficacité et préserver la sécurité des patient·e·s. Or les recherches du doctorant de HEC Lausanne – ainsi que ses connaissances – correspondaient parfaitement au profil recherché. C’est donc pour un séjour de 6 mois en tant que chercheur invité à la Medical School (Département chirurgie) que Thomas Boillat s’est envolé en juillet dernier depuis la Suisse avec un défi de taille à relever dès son arrivée sur le sol américain.
Une application bienvenue dans le milieu médical
Aux Etats-Unis, près d’un demi-million de patient·e·s meurent chaque année dans des salles opératoires à la suite d’erreurs évitables tandis qu’environ deux milles sont confrontés à des erreurs chirurgicales portant sur les parties du corps opérées (l’endroit concerné n’étant pas correct). L’absence de systématique dans les méthodes de vérification a été notamment identifiée comme l’une des sources d’erreurs et les hôpitaux ont adopté des listes de contrôle – ou checklists – qui sont également utilisées dans de nombreux autres domaines tels que l’aviation pour leur capacité à réduire les erreurs humaines.
Durant son séjour, les recherches du Dr. Boillat se sont concentrées sur l’utilisation des Google Glass (lunettes avec réalité augmentée) comme « écrans » permettant de soutenir les chirurgiens dans l’exécution des listes de contrôle en amont des opérations. Ce procédé remplace l’utilisation de listes de contrôle papier qui sont difficiles à lire et trop génériques. Comment concevoir des applications qui permettent de soutenir de telles routines individuelles? Cet axe de recherche a conduit le chercheur à développer un prototype d’application dont le principe est que les éléments de la checklist s’affichent sur les lunettes et que le chirurgien puisse ainsi se concentrer sur les vérifications à effectuer.
Le prototype a été évalué en salle d’opération sur une période de 6 mois (soit 50 opérations précédées de 50 autres opérations pour l’observation uniquement) et par un panel de six chirurgiens différents. Il a ainsi pu être amélioré au fur et à mesure grâce aux différents feedbacks récoltés. Les résultats, sans appel, ont démontré que l’utilisation de cette application via les Google Glass permettait une plus grande efficacité lors de l’exécution des listes de contrôle. D’autre part, le contenu personnalisé – et contextualisé – de ces listes, apportait une réelle plus-value et réduisait ainsi les pertes de temps dans la préparation des équipements pour les actes chirurgicaux. Le chercheur a d’ailleurs pu présenter son projet devant un public intéressé, composé à la fois de la School of Computer Science et d’une partie du département de chirurgie de Stanford.
Il explique: « Ce projet a été exceptionnel sur plusieurs plans: la manière dont j’ai été approché pour me rendre à Stanford pour ce séjour, la collaboration avec le Professeur Rivas et l’aspect pluridisciplinaire de mon projet. Il y a peu de personnes dans mon domaine, les systèmes d’information, qui se rendent dans des salles d'opérations! Concrètement, cela m’a permis d'acquérir des connaissances sur de potentielles technologies qui pourraient à l’avenir soulager le personnel médical dans sa pratique. »
Au-delà de ces enrichissements scientifiques et personnels, l’expérience lui ouvre déjà de belles portes puisque sa collaboration va se poursuivre avec Stanford dès l'été prochain. L’optique sera cette fois de développer une application qui permettra de guider les chirurgiens pendant leurs opérations.
Applications pratiques sur le sol suisse
Le jeune chercheur va présenter les résultats de ses recherches lors d’un séminaire organisé le 21 février prochain (12h15, Internef 237), à l’initiative du Prof. Mauro Cherubini. Les personnes notamment actives dans le milieu médical ou des systèmes d’information et intéressées par ce projet à la pointe sont cordialement invitées à se rendre à cet événement gratuit et ouvert à toutes et à tous.