L’équipe de Francesca Amati, professeure associée à l'Institut des sciences du sport et au Département de physiologie de l’UNIL, démontre les bienfaits de l’exercice physique, même débuté tardivement, chez des seniors en bonne santé. Un moyen de prévenir des maladies métaboliques telles que le diabète de types II ou l’obésité. Ses résultats sont à découvrir dans l’édition du 1er décembre 2016 de la revue «Cell Metabolism».
Constitué de cliniciens et de biologistes, le groupe de la Prof. Francesca Amati s’intéresse depuis 2010 au vieillissement et à la prévention des maladies du métabolisme chez les personnes âgées. «Nos projets de recherche font le pont entre la physiologie du corps humain et les aspects moléculaires dans les cellules, afin de comprendre des maladies métaboliques telles que l'obésité et le diabète», détaille la chercheuse.
Quatre mois d’entraînement physique
C’est dans ce cadre qu’a été conduite l’étude parue dans Cell Metabolism: durant quatre mois, 26 personnes âgées entre 60 et 80 ans ont participé à un entraînement sportif de trois séances hebdomadaires. Hommes ou femmes, ces volontaires seniors étaient tous des non sportifs en bonne santé, présentant ou non un problème de poids ou une prédisposition à développer un diabète.
L’étude a été réalisée en collaboration avec l’équipe du Prof. Johan Auwerx de l’EPFL et celle du DrSc. Carles Cantò du Nestlé Institute of Health Sciences. Tous trois font partie du réseau LIMNA (Lausanne Integrative Metabolism & Nutrition Alliance) qui regroupe les chercheurs actifs dans le domaine du métabolisme de la région Lausannoise.
Les mitochondries, de petites centrales énergétiques
Les scientifiques se sont plus précisément intéressés aux mitochondries, des organelles présentes à l'intérieur du muscle, responsables de brûler les apports énergétiques (graisses ou hydrates de carbone) et de produire l'énergie nécessaire au fonctionnement des cellules. Un dysfonctionnement de ces organites cellulaires peut être à l’origine de diverses complications métaboliques. Il est par ailleurs connu que l’activité physique augmente la quantité de mitochondries dans les muscles squelettiques, contrecarrant ainsi le déclin de la fonction musculaire lié à l’âge et protégeant les individus contre des maladies métaboliques et cardiovasculaires.
Le muscle devient plus performant à brûler les graisses
Dans leurs travaux, Francesca Amati et ses collègues ont observé l’évolution des mitochondries chez des individus seniors soumis à un entraînement sportif. «L'originalité de notre découverte réside dans le fait que nous avons pu observer dans le muscle de ces seniors non seulement une augmentation du nombre de mitochondries comme attendu, mais également un accroissement de l’efficacité des organelles grâce à des modifications internes jusqu’alors inconnues», détaille Francesca Amati, directrice de l’étude.
Ces changements confèrent entre autres aux personnes âgées une capacité accrue à brûler les graisses. Cette donnée est particulièrement importante, car l'accumulation de graisses dans le muscle peut être néfaste, notamment dans le développement d'un diabète de type II.
Il n’est jamais trop tard pour se mettre au sport !
Un autre message peut être tiré de cette recherche, comme le souligne la Prof. Francesca Amati : «Il n'est jamais trop tard pour se mettre au sport ! Nous avons en effet démontré chez les volontaires seniors de notre étude, non sportifs à la base, que l'exercice physique, même débuté tardivement dans la vie, permet des adaptations métaboliques favorables, pouvant avoir des répercussions positives sur leur santé».