Le centre de recherche de Théorie sociale, Enquête critique, Médiations, Action publique (THEMA) et l’Institut des sciences sociales, en collaboration avec le National Center of Competence in Research (NCCR) for migration and mobility studies, ont organisé mercredi 16 novembre un colloque portant sur la thématique des migrations et des mobilités internationales. De nombreux·euses spécialistes issu·e·s de différentes disciplines ont fait part de leurs réflexions sur les changements contemporains au niveau global.
Cet événement exceptionnel réunissant des expert·e·s de la Faculté de sciences sociales et politique, de droit, de théologie ou de l’EPFL de Lausanne et d’universités suisses et internationales renommées s’inscrit dans la volonté de renforcer la recherche et l’enseignement de sociologie des migrations à la Faculté des sciences sociales et politiques.
La question des migrations est en effet devenue centrale dans l’actualité contemporaine. Elle est aussi l’objet de controverses politiques à forte valeur émotionnelle. Tout le monde a entendu les propositions du candidat Donald Trump promettant un mur entre le Mexique et les USA, ou se souvient des attitudes contrastées des dirigeant·e·s politiques européen·ne·s face aux flux de réfugié·e·s syrien·ne·s. Chaque semaine ou presque est marquée par des drames en Méditerranée.
Le monde académique a pour devoir de proposer un espace d’analyse et de formation scientifique sur un phénomène multidimensionnel. Dans cette perspective, cette journée d’étude visait à traiter les migrations comme un élément des mobilités internationales méritant une approche globale, multidimensionnelle et pluridisciplinaire.
Le Professeur Hein de Haas (Université de Amsterdam et Institut de Migrations Internationales de Oxford) a présenté les migrations dans une perspective historique, montrant comment chaque vague migratoire avait suscité des réactions des opinions publiques. S’attaquant aux mythes contemporains sur les migrations, il a questionné la réalité d’une augmentation des flux migratoires, montrant que l’Europe était passée de source de migrations (par les colonisations) à celle de destination des migrations ; le changement ne concerne donc pas tant les flux que les destinations dans le phénomène migratoire actuel.
Le colloque s’est poursuivi par une analyse anthropologique fouillée des destins migratoires des habitants du Cap-Vert depuis plusieurs générations proposée par le Professeur Pierre-Joseph Laurent de l’université catholique de Louvain, tandis que les Professeurs Gianni d’Amato (UNINE), Jean-Claude Métraux (UNIL), Rosita Fibbi (UNINE) et Francesco Maiani (UNIL) abordaient les questions des migrations sous l’angle du nécessaire approfondissement de la recherche, de l’éthique, de la discrimination et de la crise du système de Dublin. Chaque intervention a été suivie d’un débat riche de perspectives.
Après la journée scientifique, les participant·e·s ont pu assister à un débat entre deux conseillères nationales, Isabelle Chevalley et Ada Marra, sur le thème « la barque migratoire est-elle pleine ? », afin d’interroger la migration dans le contexte helvétique. La question fondamentale, à savoir, « dans quel type de société voulons-nous vivre ? » a largement rassemblé, montrant le vif intérêt suscité par cette thématique et faisant de cet événement un franc succès.