Durant tout un semestre, une vingtaine d'étudiant·e·s du master en sciences sociales de l'Université de Lausanne (UNIL) ont été immergés dans le milieu des arts vivants contemporains, dans le cadre d'un atelier de recherche conduit par Pierre-Emmanuel Sorignet (MER, ISS) et Marc Perrenoud (MER, ISS).
« Faire de la pédagogie par la création artistique »
Tous deux artistes professionnels, respectivement danseur-chorégraphe et musicien, avant de devenir également sociologues, les enseignants ont accompagné leurs étudiant·e·s dans un projet original à la fois artistique et pédagogique, qui visait selon Pierre-Emmanuel Sorignet à « mettre au coeur de la pratique artistique une réflexion sociologique ». Il explique que « l'idée de l'immersion n'est pas nouvelle, elle est d'abord une pratique empirique, mais ce qui est intéressant c'est de faire saisir [aux étudiant·e·s] que les concepts n'ont de vie que parce qu'ils sont rapportés à des pratiques ». C'est donc autour de l'apprentissage par le corps et d'une réflexion autour des rapports entre individus et collectif, de même que par l'immersion dans un processus artistique, que les enseignants ont conçu leur enseignement.
Ce projet pédagogique original a bénéficié du soutien du Fonds d'innovation pédagogique de l'UNIL et a donné lieu à une étroite collaboration avec le théâtre de l'Arsenic. Cette immersion intense dans le monde de l'art a été renforcée par la participation de nombreux intervenant·e·s, professionnel·le·s du monde de l'art et notamment des danseur·euse·s et musicien·ne·s venu·e·s de Suisse et d'Europe. A ce sujet, Marc Perrenoud souligne leur souhait de « faire intervenir des gens d'un très très bon niveau, ce qui a vite posé l'idée que l'on n'était pas là pour faire un spectacle de patronage, (...) un spectacle d'école pour faire semblant ».
Tirer de rideau et bilan plus que positif
Car si l'objectif principal du projet était bien de faire de la sociologie du travail artistique, il a permis aux étudiant·e·s, pour la plupart étranger·ère·s aux pratiques et à la culture de la danse contemporaine, la découverte et une progressive acculturation à l'univers des arts scéniques. Selon Pierre-Emmanuel Sorignet, « les étudiant·e·s ont traversé d'abord une expérience sociale forte, et de cette expérience sociale certain·e·s ont pu avoir la réflexivité et les outils appropriés pour en faire une expérience sociologique ».
Le rideau tombé, les enseignants tirent un bilan plus que positif de l'expérience. Selon Marc Perrenoud, « ça a été une expérience extrêmement riche : depuis 2001 que j'enseigne à l'Université, je n'ai jamais eu une expérience aussi forte ». Quant à Pierre-Emmanuel Sorignet, il souligne « une vraie expérience pédagogique enthousiasmante, mais aussi une expérience artistique ».