Martina Avanza, Maître d'enseignement et de recherche à l'Institut d'études politiques, historiques et internationales (IEPHI), enseigne depuis l'automne 2015 à la Venice International University.
Depuis 2015, l'Université de Lausanne (Unil) fait partie de la Venice International University (VIU), réseau international de 17 universités basé sur l'île de San Servolo à Venise. Les universités membres organisent chaque année un programme d'études interdisciplinaire sur la globalisation, comportant des cours sur la culture italienne et internationale et sur les enjeux globaux, ainsi que deux spécialisations semestrielles, en sciences humaines et sociales sur l'héritage culturel à l'automne et en sciences de l'environnement au printemps. La VIU offre un campus diversifié qui regroupe des étudiant·e·s et enseignant·e·s de différentes régions du monde ; alors que les cours sont donnés en anglais par des professeur·e·s des universités membres, chacune d'entre elles peut envoyer une dizaine d'étudiant·e·s par année pour étudier sur le campus vénitien.
Martina Avanza, pouvez-vous dire quelques mots sur la VIU ?
Les cours se tiennent sur la petite île de San Servolo, en face de la place Saint Marc, dans de beaux bâtiments historiques. Arriver à l'université en vaporetto (bateaux-bus locaux) est assez magique. La VIU permet de faire une vraie expérience du cosmopolitisme. Dans mes classes, où il y avait pourtant seulement une vingtaine d'étudiant·e·s car le choix est fait d'avoir des petits effectifs, j'avais 10 nationalités différentes : les étudiant·e·s viennent d'Asie, d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Israël. Ce semestre, 25 nationalités différentes sont présentes à la VIU. Cette diversité est une incroyable richesse. Pour les étudiant·e·s, il s'agit d'une expérience unique, très différente de celle que l'on peut par exemple faire lors d'un Erasmus.
Quels apports retirerez-vous de ce séjour à la VIU en tant que chercheuse et enseignante ?
Enseigner à des étudiant·e·s venant de cultures différentes, mais aussi de cursus différents - c'est un programme interdisciplinaire, dans ma classe j'avais des ingénieur·e·s comme des étudiant·e·s en cinéma ou en histoire - est un véritable challenge. Les cultures académiques sont aussi très différentes avec des pays comme les Etats-Unis, où les étudiant·e·s sont incité·e·s à prendre la parole, et d'autres comme le Japon, où l'on n'est pas censé·e le faire. Mais la diversité des classes n'est pas seulement une difficulté à surmonter, c'est aussi un véritable atout. Discuter de genre ou de nationalisme (les thématiques qu'abordaient mes deux cours) avec des étudiant·e·s pouvant apporter des exemples de leur pays et les confronter avec d'autres s'est révélé très enrichissant pour les étudiant·e·s et pour moi. J'ai appris plein de choses !
Selon vous, quelles sont les raisons principales qui pourraient motiver des étudiant·e·s et des enseignant·e·s à partir à leur tour pour la VIU ?
L'Unil venait d'intégrer le consortium à la rentrée 2015, je suis donc la première enseignante à représenter l'Unil à la VIU. J'espère que d'autres suivront ! Pour les enseignant·e·s, enseigner devant une classe multiculturelle est vraiment stimulant. Les classes sont restreintes et ça permet des vrais échanges avec les étudiant·e·s. Un séjour à la VIU permet aussi de connaître des collègues d'autres universités, de réfléchir à ses pratiques pédagogiques habituelles pour les renouveler.
Pour les étudiant·e·s, la VIU donne la possibilité de suivre des cours avec d'autres étudiant·e·s et des enseignant·e·s venant du monde entier (ou presque). Le programme d'activités extracurriculaires est superbe (visites dans les musées, à la biennale d'art ou de cinéma, tours en vélo dans la lagune, il y en a pour tous les goûts, le tout financé par la VIU) et permet de lier des amitiés avec les autres étudiant·e·s. La VIU offre également des stages rémunérés très intéressants, notamment dans des institutions culturelles (par exemple à l'Unesco à Venise, à la Mostra del cinema, au Guggenheim,...), mais aussi des bourses de recherche pour faire une partie de son master dans l'une des universités membre, dont certaines très prestigieuses comme Duke aux Etats-Unis, la LMU à Münich ou la Tsighua University à Pékin entre autres.
Et pour les deux : vivre à Venise est une expérience unique. N'oubliez pas votre appareil photo!