L'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne est engagé, sous la direction du Professeur Fabien Ohl, en collaboration avec Olivier Aubel (MER et co-requérant) et Bertrand Fincoeur (chargé de recherche), dans un projet de recherche sur le dopage dans le cyclisme financé par le FNS jusqu'en 2019.
Constats et objectifs
La question du dopage dans le cyclisme est récurrente. Crises, affaires et scandales ont ponctué l'histoire de ce sport. Mais le dopage a principalement été abordé comme une faute individuelle liée à une éthique défaillante. Or, cette façon d'approcher le dopage conduit à en ignorer ses dimensions collectives et sa genèse sociale. Sans évidemment exclure des variables individuelles, ce projet de recherche vise à comprendre les liens entre la façon dont les équipes organisent le travail des cyclistes et les risques de dopage.
Le travail de recherche
Le projet porte sur les cyclistes des meilleures divisions mondiales et vise à comprendre comment l'organisation de la production de la performance peut influencer le rapport au dopage.
Les recherches antérieures indiquent que la propension au dopage s'explique à la fois par la socialisation des jeunes cyclistes, le plus souvent au sein des clubs, par l'encadrement et les pairs, et par leur environnement de travail. Nos propres recherches montrent que les conditions d'emploi et les modes d'organisation du travail des cyclistes au sein des équipes constituent des facteurs déterminants des risques.
En revanche, la façon dont les effets des socialisations antérieures et les modes d'organisation des équipes interagissent a peu été explorée. Dans quelles conditions des équipes « vertueuses » peuvent-elles influencer des cyclistes socialisés à une culture favorable à la prise de produits dopants ? A l'inverse, comment des cyclistes déterminés à ne pas prendre de produits dopants peuvent-ils faire face à des équipes moins « vertueuses » ? L'enjeu est bien ici de comprendre comment des organisations, par leur fonctionnement, leurs ressources, leur organisation de la production de performance, leur gestion des emplois et des compétences et plus largement leur culture, peuvent jouer un rôle dans la prévention du dopage.
Le travail de recherche sera réalisé avec des équipes cyclistes des meilleures divisions mondiales à partir de méthodes qualitatives et quantitatives.
Contexte scientifique et social du travail de recherche
Ce projet articule sociologie du travail et sociologie du sport de façon originale pour aborder des questions essentielles pour le monde du sport. Les enjeux du dopage sont importants pour les organisations sportives, souvent fragilisées par des gouvernances défaillantes, elles y jouent leur crédibilité. Ils le sont également pour les sportifs qui respectent les codes éthiques et se voient injustement concurrencés par des sportifs dopés.
Ce projet permet aussi de soulever des questions de sociologie en s'intéressant aux effets des organisations et aux conditions sociales favorables à « l'agency » des individus, c'est-à-dire à leur capacité à agir et, dans le cas du dopage, à résister aux organisations ou à contribuer à les transformer.