La plateforme web « DeFacto - plus que des opinions » permet à un plus large public d'avoir accès aux résultats et expertises de la recherche en science politique et dans d'autres sciences sociales.
Georg Lutz, vous êtes Professeur de sciences politiques à l'Université de Lausanne et chef d'unité de recherche à la Fondation Suisse pour la recherche en sciences sociales (FORS). Dans quel cadre est né le projet DeFacto ?
Nous observons depuis des années un décalage croissant entre les publications scientifiques et la lisibilité de ces publications par un public plus large. Ces publications sont longues, publiées de plus en plus souvent en anglais et dans un format plutôt rigide. Dans un même temps, il y a une forte demande de rendre plus visible l'impact de la recherche scientifique non seulement au sein de la communauté scientifique, mais aussi dans le cadre des débats publics. Plusieurs instituts ou chercheurs en sciences sociales et politiques en Suisse ont déjà créé des blogs dans le passé, mais il est difficile de survivre si ce n'est pas fait d'une manière rigoureuse et très régulière. Toutes ces réflexions ont nourri l'idée de créer DeFacto comme plateforme commune pour les sciences politiques et sociales en Suisse.
La plateforme web « DeFacto - plus que des opinions » regroupe différents types de contributions, en majorité des résumés de rapports de recherche ou des analyses sociales et politiques de sujets d'actualité. Qui en sont les contributeurs actuels et à qui est-elle ouverte ?
Nous cherchons des contributions qui ont une approche analytique comme des publications scientifiques, mais écrites et présentées pour un public large dans une des langues nationales. Une grande partie des articles existants (environ 80) a été écrite par des chercheurs de différentes universités suisses. Nous avons aussi accepté plusieurs contributions intéressantes qui nous ont été soumises par des étudiants. Pour l'instant, la majorité des articles est en allemand, et nous aimerions augmenter le nombre de contributions en français vu leur fort succès.
DeFacto est un projet pilote financé pour une phase initiale de deux ans par le Fonds National Suisse de la recherche scientifique. Quelles sont les ambitions de développement de la plateforme ?
Notre but est d'établir à long terme DeFacto en tant que plateforme de publication principale de science politique et sociale en Suisse pour un public plus large. Plusieurs de nos articles ont été repris par la presse ou sur les réseaux sociaux suite à leur publication. Cela montre que le concept fonctionne. Nous sommes convaincus qu'il est possible de trouver un financement à long terme du moment que les personnes intéressées par la politique en Suisse apprécient la plateforme et qu'elle est utilisée par les chercheurs, mais aussi par les institutions de recherche.