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Depuis le XIIe siècle au moins, les cours ont été des centres de production (mécénat scientifique), de conservation (bibliothèques princières, collections, etc.) et de diffusion (interne et externe) des textes concernant les sciences de la nature. En rapport direct avec cet extraordinaire intérêt, des savoirs situés à la frontière entre le licite et l'illicite - voire au-delà de cette limite -, tels que l'astrologie, la divination et la magie, ont occupé une place centrale. Les raisons de ce phénomène sont multiples, et leur étude constitue justement l'un des objectifs de ce colloque.
Dans quelle mesure l'astrologie, la divination et la magie ont-elles été favorisées par les élites au pouvoir, que ce soit dans le but de conforter l'idée que le souverain 'domine le monde', ou de leur permettre de connaître le futur -notamment dans la question de la continuité dynastique -, ou encore de se défaire de ses ennemis ? Les connaissances savantes en terme de magie ont-elles servi à nourrir des procès intentés dans le cadre général de la construction de la souveraineté et dans celui, plus restreint, de règlements de compte au sein de la société de cour ?
Dans cette perspective, il conviendra de s'intéresser aux personnages qui, dans telle ou telle cour, voire d'une cour à l'autre, se sont mis au service du prince dans ces domaines : qui sont les astrologues de cour ? Dans quelle mesure et dans quelles circonstances y a-t-il des devins et magiciens à la cour ? Quelles sont les modalités d'expression de leur discours? Que sait-on des pratiques des uns et des autres ? Ont-ils joué un rôle, d'une manière volontaire ou involontaire, dans les comportements et l'organisation du pouvoir et de la cour?
Il s'agira aussi de pouvoir comparer l'état de nos connaissances relatives à un certain nombre de cours pour lesquelles des recherches sont actuellement menées ou pour lesquelles la documentation est particulièrement riche. L'objectif est de tenter cette comparaison à l'échelle européenne et sur la longue durée, c'est pourquoi nous désirons étendre le colloque à l'époque moderne, afin d'examiner les similitudes mais aussi les différences qui caractérisent l'intérêt que les cours médiévales et modernes ont accordé à la magie, à l'astrologie et à la divination.
Il s'agira également d'examiner quelle est l'originalité de la production de ces différents acteurs, et quelles sont les typologies privilégiées. C'est ainsi qu'une place importante devra être accordée aux différentes formes d'astrologie, de divination et de magie présentes d'une manière ou d'une autre dans les cours, de la magie astrale à la magie démoniaque, dont nous parlent également les procès de sorcellerie (dans la mesure où ils intéressent de manière précise le monde des cours). Quels sont enfin les débats que ces différents savoirs ont pu susciter, sous quelque forme que ce soit, au sein des cours et en rapport avec elles ?
Les questions qui se posent sont donc nombreuses et existent plusieurs niveaux de lecture :
- production, diffusion, conservation de la documentation et de la littérature correspondante, constitution de recueils ;
- typologie des savoirs et des textes ;
- biographie, prosopographie éventuelle des acteurs ;
- comparaison entre cours ;
- longue durée ;
- enfin, last but non least, rapports entre les théories et les pratiques, au sein de la cour ou en contact avec elle.