Professeure assistante à la Faculté des géosciences et de l'environnement, Jasquelin Peña a reçu ce mecredi 13 juin 2012 le Prix scientifique de la Fondation BCV. Elle va lancer cet été une recherche de terrain pour analyser nos rivières.
La Venoge, la Morges et le Boiron seront passés au peigne fin par une jeune chercheuse de l'UNIL, chargée d'analyser les sédiments au fond de l'eau et sur les rives, afin de comprendre leurs interactions avec des micropolluants inorganiques comme le cuivre, le cadmium et le zinc.
Venue de l'Université de Berkeley, en Californie, Jasquelin Peña est depuis août 2011 professeure assistante à l'Institut de minéralogie et de géochimie. Déjà lauréate du Concours 2009 du programme «Fondation de Famille Sandoz-Monique de Meuron» pour la relève universitaire, cette chercheuse de 32 ans vient de remporter le Prix scientifique de la Fondation BCV, doté d'un montant de recherche de 125'000 francs.
Ingénieure de l'environnement, spécialiste en géochimie environnementale, elle travaille sur la contamination des sols et de l'eau par les micropolluants inorganiques. «Il s'agit d'identifier les interactions des métaux avec les minéraux et les bactéries. Dans l'eau, les métaux peuvent s'attacher chimiquement à des solides comme les minéraux ou les bactéries, ou subir des transformations qui changent leur état chimique et donc leur comportement dans l'environnement. Ces interactions rendent les polluants plus ou moins toxiques, en fonction de leur nouvelle composante chimique», explique-t-elle.
Processus naturels de dépollution
Dans une perspective de dépollution, il est important d'identifier ces processus naturels qui participent à éliminer les métaux dans l'eau, qui stoppent leur diffusion en aval ou qui limitent leur toxicité potentielle pour les organismes aquatiques.
Très concrètement, il s'agira de déterminer la composition minéralogique et microbiologique du sol et des sédiments dans et autour des rivières, pour comprendre le comportement et la destination finale des divers polluants. Cette démarche prédictive pourrait être généralisée à d'autres cours d'eau. Elle s'inscrit dans les efforts fournis par le Canton de Vaud pour évaluer l'impact des micropolluants dans le Léman et ses affluents.
Rejets agricoles, urbains ou industriels
«Nous allons évaluer la capacité naturelle des sédiments fluviaux et des rivages à réduire la concentration de micropolluants inorganiques, explique Jasquelin Peña. Les sites d'études comprennent trois rivières pouvant être influencées par les rejets agricoles, urbains ou industriels. Nous utiliserons des techniques analytiques, spectroscopiques et d'imagerie à l'échelle moléculaire. Ces méthodes permettront de déterminer la forme chimique des polluants dans les surfaces minérales et microbiennes. Des informations essentielles pour offrir une évaluation rigoureuse de la résilience des écosystèmes face à la pollution», conclut la chercheuse.