La Présidente de la République de l'Inde, Madame Pratibha Devisingh Patil, a inauguré aux côtés de la Présidente de la Confédération, Madame Micheline Calmy-Rey, une «Chaire Tagore» dédiée aux études indiennes à la Faculté des lettres. L'Inde a offert à l'UNIL un buste du célèbre penseur et écrivain, Prix Nobel de littérature en 1913. Une cérémonie intense, laissant sur le campus «a bit of India».
Ce mardi 4 octobre 2011, en plein été indien, les voitures des Présidentes Pratibha Devisingh Patil et Micheline Calmy-Rey se sont arrêtées juste devant le bâtiment Anthropole. Accompagnées par toute une délégation indienne et suisse, les deux cheffes d'Etat ont dévoilé ensemble une statue du poète Gurudev Rabîndranâth Tagore (1861-1941) offerte à l'UNIL en ce jour mémorable pour l'institution universitaire et pour sa Faculté des lettres. Saluant l'inauguration d'une «Chaire Tagore» dédiée aux études indiennes, le Recteur Dominique Arlettaz a rappelé l'importance des sciences humaines pour le monde actuel et remercié l'Inde pour son «prestigieux cadeau».
Citant Rabîndranâth Tagore comme «une personnalité exceptionnelle, un grand patriote, un ambassadeur de l'Inde moderne et l'un des inspirateurs de notre mouvement de libération», la Présidente Pratibha Devisingh Patil a appelé les étudiants à contribuer par leurs capacités intellectuelles et leur éducation à la construction d'un monde «apaisé et vivant en harmonie avec la nature». En cette occasion propre à souligner «les liens étroits entre l'Inde et la Suisse», Madame Pratibha Devisingh Patil a également offert à l'UNIL une collection de livres de et sur Tagore ainsi que du matériel audiovisuel.
L'accord a été signé devant les deux cheffes d'Etat par l'Ambassadrice de l'Inde en Suisse, Madame Chitra Narayanan, M. Dominique Arlettaz et le doyen de la Faculté des Lettres, M. François Rosset. La nouvelle chaire sera financée par l'Indian Council of Cultural Relations, l'organe gouvernemental indien chargé des affaires culturelles à l'étranger. Comme l'a souligné le Prof. François Rosset, cet accord vient couronner une longue tradition des études indiennes à l'Université de Lausanne, où la Faculté des lettres a décidé de renforcer sa section des langues orientales. Occupée à raison d'un semestre par année, dès février 2012, par un professeur différent venu du continent indien, cette chaire donnera aux étudiants l'occasion de mieux se familiariser avec le hindi moderne et avec des traditions culturelles d'une très grande variété.
Un ami de Gandhi
Indianiste et historienne des religions, la professeure Maya Burger est une spécialiste de l'Inde médiévale et moderne. Elle enseigne le hindi moderne et ancien, lequel émane du sanskrit, langue indo-européenne également enseignée à l'UNIL, ainsi que d'autres langues (pali, ourdou). «Avec cette offre complète dans le domaine de l'Asie du Sud, nous avons une situation unique en Suisse romande, explique-t-elle. Le choix de l'UNIL n'est pas dû au hasard mais aux ressources qui sont déjà les nôtres et qui seront donc renforcées par cette chaire. Le gouvernement indien nous offre la possibilité d'élargir nos connaissances des cultures de l'Asie du Sud grâce à la venue de ces professeurs. Nous sommes en train d'engager le premier d'entre eux et nous aurons à chaque fois la possibilité de choisir entre dix chercheurs proposés par l'Indian Council of Cultural Relations. Pour nos étudiants, c'est l'occasion d'être exposés à d'autres perspectives, d'autres méthodes de recherche et d'enseignement.»
Le nom de chaire Tagore va perdurer au-delà du 150ème anniversaire de la naissance du poète, célébré à travers le monde cette année. «Tagore était un ami de Gandhi, poursuit Maya Burger, dont il n'épousait cependant pas toutes les vues. Poète, dramaturge, philosophe, peintre, compositeur et même chorégraphe, Tagore était vraiment un humaniste qui prônait le dialogue entre les cultures et l'unité entre les hommes. Il ne voulait donc pas renier l'éducation anglaise qu'il avait reçue à Calcutta, alors la capitale britannique en Inde. Il a traduit lui-même une partie de son oeuvre immense du bengali vers l'anglais, et c'est ainsi que ses écrits ont pu être connus. Son prix Nobel de littérature a eu un énorme retentissement en Asie, en Amérique latine, en Afrique. C'était en effet le premier Nobel reçu par un non-Européen. Tagore admirait l'Occident, tout en étant très critique à son égard, et voulait bâtir la modernité indienne sans renier les racines culturelles de son pays, en prenant le meilleur des deux contextes, européen et indien. C'était son projet, bien loin de toute revendication étroitement nationaliste.»